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Le jour, en proie à la pensée,
L’œil fixé sur le sol sacré,
Le front sur la vitre glacée,
Il disait : « Oh ! je reviendrai !
Je reviendrai ! toujours le même,
Seul, sans pourpre et sans diadème,
Sans bataillons et sans trésors ;
Je veux, proscrit, chassé, qu’importe ?
Choisir, pour rentrer, cette porte,
Cette porte par où je sors.

« Une nuit, dans une tempête,
Rapporté par un vent des cieux,
Avec des éclairs sur la tête,
Je surgirai, vivant, joyeux !
Mes vieux compagnons d’aventure
Dormiront dans la brume obscure,
Et tout à coup, à l’orient,
Ils verront luire, ô délivrance !
Mon œil, rayonnant pour la France,
Pour l’Angleterre flamboyant !

« J’apparaîtrai dans les ténèbres
A ce Paris qui m’adora ;
Le jour succède aux nuits funèbres,
Et mon peuple se lèvera !
Il se lèvera plein de joie,
Pourvu que dans l’ombre il me voie
Chassant l’étranger, vil troupeau,
Pâle, la main de sang trempée,
Avec le tronçon d’une épée,
Avec le haillon d’un drapeau ! »

                                    *