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est celui qui sait avant tout le monde, celui qu’il faut écouter bouche béante, car un mot de lui en dit plus long, quelque instinctif qu’il soit, sur la misère humaine, que la science et même que les astres. Qu’il soit béni et vénéré.

La Justice.

Camille Pelletan.

(27 octobre 1880.)


C’est un des caractères du génie de Victor Hugo qu’en même temps qu’il sait donner à la pensée de son siècle la forme la plus haute et la plus éclatante il possède à un degré prodigieux le don des grandes conceptions mystiques ou épiques des temps primitifs. On retrouve ce double caractère dans le poème que nous venons de parcourir. La donnée en a la grandeur d’un mythe oriental ; et le poète a su y prodiguer ce que le cerveau d’un penseur du XIXe siècle pouvait concevoir de plus profond.

... Il est impossible de donner, en passant, quelque idée d’un poème aussi vaste. Ai-je besoin de dire que l’artiste y a toute sa puissance ? Le vers de Victor Hugo reste partout une chose prodigieuse. Quel robuste et inépuisable maniement de l’instrument poétique ! Comme le poète a pétri et maîtrisé la langue et le rythme ! Comme on reconnaît dans le moindre hémistiche l’empreinte de la main puissante qui l’a modelé !

. . . C’est une joie de plus pour tous les admirateurs du génie de voir encore aujourd’hui sa flamme aussi vivace et aussi éclatante que jamais.

La France.

Ch. Laurent.

(26 octobre 1880.)


... Le poète a pris l’ignorance personnifiée par l’âne, il a pris la candeur honnête et la simplicité naturelle du baudet pour juges de notre science et de nos habiletés. Il a fait contempler par ce grand œil placide tous les spectacles que l’homme peut offrir et puis il a interrogé la bête, et la bête lui a répondu et il s’est trouvé que ce Calino de l’étable avait plus d’esprit et plus de vraie science que nous puisqu’il avait la droiture, le respect du génie, l’enthousiasme et la bonté.

C’est ainsi que cet admirable esprit synthétique de Victor Hugo sait nous présenter sous une forme nouvelle ardemment contemplée la satire mordante ou la leçon paternelle qu’il lui plaît de nous adresser. . . .

En dehors de cette éternelle vaillance et de cette inépuisable vigueur ; en présence de ce génie si sûr de lui-même et si patient dans la création permanente de son oeuvre ; en présence de cet enthousiasme aux cheveux blancs — - une joie encore, tout ce qui aime l’art et la France va s’incliner profondément et admirer.


III
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.


L’Âne. — Paris, Calmann-Lévy, éditeur, ancienne maison Michel Lévy frères (imprimerie A. Quantin), 1880, in-8o, couverture imprimée. Édition originale, publiée à 4 francs.

L’Âne. — Paris, Calmann-Lévy, éditeur, ancienne maison Michel Lévy frères (imprimerie A. Quantin), 1881, in-18°, couverture imprimée. Première édition in-18°, publiée à 1 franc.

L'Âne. Édition définitive. Poésie XIII. Paris, J. Hetzel et C’, rue Jacob, n° 18 ; A. Quantin et C", rue Saint-Benoît, n° 7 (imprimerie J. Claye), 1881, in-8o, couverture imprimée. Prix : 7 fr. 50 le volume.

L’Âne... — Petite édition définitive, Hetzel-Quantin, in-16°, s. d., à 2 francs le volume.

L’Âne. . . — Édition collective. Œuvre poétique IV. Paris, Eugène Hugues, éditeur (imprimerie P. Mouillot), 1885. Grand in-8o,