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LE PAPE.


LE SYNODE D’ORIENT


LE PATRIARCHE D’ORIENT, tiare au front, en habits pontificaux ; les évêques l’entourent ; mitres et chapes d’or.

Laisse-moi passer, peuple. Adieu, Rome. Chantez,
Allégresse et louange ! ô tribus, ô cités,
Chantez dans le vallon, chantez sur la montagne.
Sabaoth est l’époux, l’Église est sa compagne,
Peuple, je suis l’apôtre, et je bénis les cieux.

Entre un homme vêtu de bure noire, une croix de bois à la main.


L’HOMME

Bénir le ciel est bien, bénir l’enfer est mieux.

LE PATRIARCHE

L’enfer !

L’HOMME

L’enfer ! Oui, c’est-à-dire, ô prêtre, les misères.
Bénis cela. Bénis les pleurs, les cœurs sincères ;
Mais flétris, où le bien contre le mal combat ;
Bénis le dénûment, le haillon, le grabat,
Le bagne, dont la chaîne épouvantable passe ;
Bénis l’humble esprit sombré et la pauvre âme lasse ;
Bénis tous ceux pour qui jamais tu ne prias ;
Bénis les réprouvés, bénis les parias,
Et ce total des maux qui sur terre est la somme
Des salaires. Bénis l’enfer.

LE PATRIARCHE

Des salaires. Bénis l’enfer. Quel est cet homme ?