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Les rois doivent songer dans ces jours orageux
Où, mer qui vient, esprit des temps, nuée obscure,
Derrière l’horizon quelque chose murmure !
À quoi bon provoquer d’avance, et soulever
Les générations qu’on entend arriver ?
Pour des regards distraits la France était sereine ;
Mais dans ce ciel troublé d’un peu de brume à peine,
Où tout semblait azur, où rien n’agitait l’air,
Lui, rêveur, il voyait par instants un éclair ! —

Charles dix souriant répondit : — O poëte !

Le soir, tout rayonnait de lumière et de fête.
Regorgeant de soldats, de princes, de valets,
Saint-Cloud, joyeux et vert, autour du fier palais
Dont la Seine en fuyant reflète les beaux marbres,
Semblait avec amour presser sa touffe d’arbres.
L’arc de triomphe orné de victoires d’airain,
Le Louvre étincelant, fleurdelysé, serein,
Lui répondaient de loin du milieu de la ville ;
Tout ce royal ensemble avait un air tranquille,
Et, dans le calme aspect d’un repos solennel,
Je ne sais quoi de grand qui semblait éternel.

Où la loi dOù la loi d————

Holyrood ! Holyrood ! O fatale abbaye,
Où la loi du destin, dure, amère, obéie,
Où la loi dS’inscrit de tous côtés !
Cloître ! palais ! tombeau ! qui sous tes murs austères
Gardes les rois, la mort et Dieu ; trois grands mystères,
Où la loi dTrois sombres majestés !

Château découronné ! vallée expiatoire !
Où le penseur entend, dans l’air et dans l’histoire,
Comme un double conseil pour nos ambitions,
Comme une double voix qui se mêle et qui gronde,