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On verrait cette perle appelée innocence,
En regardant au fond !

On s’arrête aux brouillards dont ton âme est voilée,
Mais moi, juge et témoin,
Je sais qu’on trouverait une voûte étoilée
Si l’on allait plus loin !

Et qu’importe, après tout, que le monde t’assiège
De ses discours mouvants,
Et que ton nom se mêle à ces flocons de neige
Poussés à tous les vents !

D’ailleurs que savent-ils ? Nous devrions nous taire.
De quel droit jugeons-nous ?
Nous qui ne voyons rien au ciel ou sur la terre
Sans nous mettre à genoux !

La certitude - hélas ! insensés que nous sommes
De croire à l’œil humain ! -
Ne séjourne pas plus dans la raison des hommes
Que l’onde dans leur main.

Elle mouille un moment, puis s’écoule infidèle,
Sans que l’homme, ô douleur !
Puisse désaltérer à ce qui reste d’elle
Ses lèvres ou son cœur !

L’apparence de tout nous trompe et nous fascine.
Est-il jour ? Est-il nuit ?
Rien d’absolu. Tout fruit contient une racine,
Toute racine un fruit.

Le même objet qui rend votre visage sombre
Fait ma sérénité.
Toute chose ici-bas par une face est ombre
Et par l’autre clarté.