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Il entend dans le chêne énorme
Rire les oiseaux querelleurs.

Dans l’onde il mire son visage ;
Tout lui parle ; adieu son ennui !
Le buisson l’arrête au passage,
Et le caillou joue avec lui.

Le soir, point d’hôtesse cruelle
Qui l’accueille d’un front hagard !
Il trouve l’étoile si belle
Qu’il s’endort à son doux regard !

— Oh ! qu’en dormant rien ne t’oppresse !
Dieu sera là pour ton réveil ! —
La lune vient qui le caresse
Plus doucement que le soleil !

Car elle a de plus molles trêves
Pour nos travaux et nos douleurs.
Elle fait éclore nos rêves,
Lui ne fait naître que les fleurs !

Oh ! quand la fauvette dérobe
Son nid sous les rameaux penchants,
Lorsqu’au soleil séchant sa robe
Mai tout mouillé rit dans les champs,

J’ai souvent pensé dans mes veilles
Que la nature au front sacré
Dédiait tout bas ses merveilles
À ceux qui l’hiver ont pleuré.

Pour tous et pour le méchant même
Elle est bonne, Dieu le permet,
Dieu le veut, mais surtout elle aime
Le pauvre que Jésus aimait !