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Du soleil à pleine croisée,
Et le ciel pur qui dit : Vivez !

Sur les chaumières dédaignées
Par les maîtres et les valets,
Joyeuse, elle jette à poignées
Les fleurs qu’elle vend aux palais !

Son luxe aux pauvres seuils s’étale.
Ni les parfums ni les rayons
N’ont peur, dans leur candeur royale,
De se salir à des haillons.

Sur un toit où l’herbe frissonne
Le jasmin veut bien se poser.
Le lys ne méprise personne,
Lui qui pourrait tout mépriser !

Alors la masure où la mousse
Sur l’humble chaume a débordé
Montre avec une fierté douce
Son vieux mur de roses brodé.

L’aube alors de clartés baignée,
Entrant dans le réduit profond,
Dore la toile d’araignée
Entre les poutres du plafond.

Alors l’âme du pauvre est pleine.
Humble, il bénit ce Dieu lointain
Dont il sent la céleste haleine
Dans tous les souffles du matin !

L’air le réchauffe et le pénètre.
Il fête le printemps vainqueur.
Un oiseau chante à sa fenêtre,
La gaîté chante dans son cœur !