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De la colonne à toi les cris se répondront.
Et puis tout se taira sur votre double front ;
Une rumeur de fête emplira la vallée,
Et Notre-Dame au loin, aux ténèbres mêlée,
Illuminant sa croix, ainsi qu’un labarum,
Vous chantera dans l’ombre un vague Te Deum !

Monument ! voilà donc la rêverie immense
Qu’à ton ombre déjà le poëte commence !
Piédestal qu’eût aimé Bélénus ou Mithra !
Arche aujourd’hui guerrière, un jour religieuse !
Rêve en pierre ébauché ! porte prodigieuse
D’un palais de géants qu’on se figurera !

Quand ’un lierre poudreux je couvre tes sculptures ;
Lorsque je vois, au fond des époques futures,
La liste des héros sur ton mur constellé
Reluire et rayonner, malgré les destinées,
A travers les rameaux des profondes années,
Comme à travers un bois brille un ciel étoilé ;

Quand ma pensée ainsi, vieillissant ton attique,
Te fait de l’avenir un passé magnifique,
Alors sous ta grandeur je me courbe effrayé,
J’admire, et, fils pieux, passant que l’art anime,
Je ne regrette rien devant ton mur sublime
Que Phidias absent et mon père oublié !

2 février 1837