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Et, pleurant ses tours mutilées,
Rêve à l’artiste grec qui versa de sa main
Quelque chose de beau comme un sourire humain
Sur le profil des propylées !

Thèbe a des temples morts où rampe en serpentant
La vipère au front plat, au regard éclatant,
Autour de la colonne torse ;
Et seul, quelque grand aigle habite en souverain
Les piliers de Rhamsès d’où les lames d’airain
S’en vont comme une vieille écorce !

Dans les débris de Gur, pleins du cri des hiboux,
Le tigre en marchant ploie et casse les bambous,
D’où s’envole le vautour chauve,
Et la lionne au pied d’un mur mystérieux
Met le groupe inquiet des lionceaux sans yeux
Qui fouillent sous son ventre fauve.

La morne Palenquè gît dans les marais verts.
A peine entre ses blocs d’herbe haute couverts
Entend-on le lézard qui bouge.
Ses murs sont obstrués d’arbres au fruit vermeil
Où volent, tout moirés par l’ombre et le soleil,
De beaux oiseaux de cuivre rouge !

Mette en sa douleur, Jumièges gravement
Etouffe un triste écho sous son portail normand,
Et laisse chanter sur ses tombes
Tous ces nids dans ses tours abrités et couvés
D’où le souffle du soir fait sur les noirs pavés
Neiger des plumes de colombes !

Comme une mère sombre, et qui dans sa fierté
Cache sous son manteau son enfant souffleté,
L’Égypte au bord du Nil assise
Dans sa robe de sable enfonce enveloppés