II
À LA COLONNE.
I
Oh ! quand il bâtissait, de sa main colossale,
Pour son trône, appuyé sur l’Europe vassale,
Ce pilier souverain,
Ce bronze, devant qui tout n’est que poudre et sable,
Sublime monument, deux fois impérissable,
Fait de gloire et d’airain ;
Quand il le bâtissait, pour qu’un jour dans la ville
Ou la guerre étrangère ou la guerre civile
Y brisassent leur char,
Et pour qu’il fît pâlir sur nos places publiques
Les frêles héritiers de vos noms magnifiques,
Alexandre et César !
C’était un beau spectacle ! — Il parcourait la terre
Avec ses vétérans, nation militaire
Dont il savait les noms ;
Les rois fuyaient ; les rois n’étaient point de sa taille ;
Et, vainqueur, il allait par les champs de bataille
Glanant tous leurs canons.
Et puis, il revenait avec la grande armée,
Encombrant de butin sa France bien-aimée,