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Qui font régner les rois pour leurs ambitions,
Et, pétrifiant tout sous leur groupe immobile,
Tourmentent, accroupis, de leur souffle débile
La cendre rouge encor des révolutions !


VI


Oh ! l’avenir est magnifique !
Jeunes français, jeunes amis,
Un siècle pur et pacifique
S’ouvre à vos pas mieux affermis.
Chaque jour aura sa conquête.
Depuis la base jusqu’au faîte,
Nous verrons avec majesté,
Comme une mer sur ses rivages,
Monter d’étages en étages
L’irrésistible liberté !

Vos pères, hauts de cent coudées,
Ont été forts et généreux.
Les nations intimidées
Se faisaient adopter par eux.
Ils ont fait une telle guerre
Que tous les peuples de la terre
De la France prenaient le nom,
Quittaient leur passé qui s’écroule,
Et venaient s’abriter en foule
A l’ombre de Napoléon !

Vous n’avez pas l’âme embrasée
D’une moins haute ambition !
Faites libre toute pensée
Et reine toute nation ;
Montrez la liberté dans l’ombre
A ceux qui sont dans la nuit sombre !