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Vinrent s’abattre à grand bruit d’ailes
Dans le formidable foyer ;
Chevaux, fantassins et cohortes
Fondaient comme des branches mortes
Qui se tordent dans le brasier !


Comment donc as-tu fait pour calmer ta colère,
Souveraine cité qui vainquis en trois jours ?
Comment donc as-tu fait, ô fleuve populaire,
Pour rentrer dans ton lit et reprendre ton cours ?
O terre qui tremblais ! ô tempête ! ô tourmente !
Vengeance de la foule au sourire effrayant !
Comment donc as-tu fait pour être intelligente

Et pour choisir en foudroyant ?

C’est qu’il est plus d’un cœur stoïque
Parmi vous, fils de la cité ;
C’est qu’une jeunesse héroïque
Combattait à votre côté.
Désormais, dans toute fortune,
Vous avez une âme commune
Qui dans tous vos exploits a lui.
Honneur au grand jour qui s’écoule !
Hier vous n’étiez qu’une foule :
Vous êtes un peuple aujourd’hui !


Ces mornes conseillers de parjure et d’audace,
Voilà donc à quel peuple ils se sont attaqués !
Fléaux qu’aux derniers rois d’une fatale race
Toujours la providence envoie aux jours marqués !
Malheureux qui croyaient, dans leur erreur profonde
(Car Dieu les voulait perdre, et Dieu les aveuglait),
Qu’on prenait un matin la liberté d’un monde

Comme un oiseau dans un filet !

N’effacez rien. — Le coup d’épée
Embellit le front du soldat.