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VISION.

Te pardonne ou t’ait condamné.
Approche : — je tiens la balance ;
Te voilà nu dans ma présence,
Siècle innocent ou criminel.
Faut-il que ton souvenir meure ?
Réponds : un siècle est comme une heure
Devant mon regard éternel. »

LE SIÈCLE.

« J’ai, dans mes pensers magnanimes,
Tout divisé, tout réuni ;
J’ai soumis à mes lois sublimes
Et l’immuable et l’infini ;
J’ai pesé tes volontés mêmes… »

LA VOIX.

« Fantôme, arrête ! tes blasphèmes
Troublent mes saints d’un juste effroi ;
Sors de ton orgueilleuse ivresse ;
Doute aujourd’hui de ta sagesse ;
Car tu ne peux douter de moi.

« Fier de tes aveugles sciences,
N’as-tu pas ri, dans tes clameurs,
Et de mon être et des croyances
Qui gardent les lois et les mœurs ?
De la mort souillant le mystère,
N’as-tu pas effrayé la terre
D’un crime aux humains inconnu ?
Des rois, avant les temps célestes,
N’as-tu pas réveillé les restes ? »

LE SIÈCLE.

« Ô Dieu ! votre jour est venu ! »