Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77


ODE NEUVIÈME.

LE BAPTÊME DU DUC DE BORDEAUX.


Sinite parvulos venire ad me. — Venerunt reges.
Évangile.


I

 
« Oh ! disaient les peuples du monde,
Les derniers temps sont-ils venus ?
Nos pas, dans une nuit profonde,
Suivent des chemins inconnus.
Où va-t-on ? dans la nuit perfide,
Quel est ce fanal qui nous guide,
Tous courbés sous un bras de fer ?
Est-il propice ? est-il funeste ?
Est-ce la colonne céleste ?
Est-ce une flamme de l’enfer ?

« Les tribus des chefs se divisent ;
Les troupeaux chassent les pasteurs ;
Et les sceptres des rois se brisent
Devant les faisceaux des préteurs.
Les trônes tombent ; l’autel croule ;
Les factions naissent en foule
Sur les bords des deux Océans ;
Et les ambitions serviles,
Qui dormaient comme des reptiles,
Se lèvent comme des géants.