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Sans trouver turban qui le rompe,

Au point où la mêlée a de plus noirs détours,
Où les grands éléphants, entre-choquant leurs tours,

Prennent des chevaux dans leur trompe.


Une fée est cachée en tout ce que tu vois.
Quand tu parles, calife, on dirait que ta voix

Descend d’un autre monde au nôtre ;

Dieu lui-même t’admire, et de félicités
Emplit la coupe d’or que tes jours enchantés,

Joyeux, se passent l’un à l’autre.


Mais souvent dans ton cœur, radieux Noureddin,
Une triste pensée apparaît, et soudain

Glace ta grandeur taciturne ;

Telle en plein jour parfois, sous un soleil de feu,
La lune, astre des morts, blanche au fond d’un ciel bleu,

Montre à demi son front nocturne.


Octobre 1828.