Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/721

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXVII

NOURMAHAL-LA-ROUSSE


No es bestia que non fus hy trobada.
Joan Lorenzo Segura de Astorga.
Pas de bête fauve qui ne s’y trouvât.


Entre deux rocs d’un noir d’ébène
Voyez-vous ce sombre hallier
Qui se hérisse dans la plaine
Ainsi qu’une touffe de laine
Entre les cornes du bélier ?

Là, dans une ombre non frayée,
Grondent le tigre ensanglanté,
La lionne, mère effrayée,
Le chacal, l’hyène rayée,
Et le léopard tacheté.

Là, des monstres de toute forme
Rampent : — le basilic rêvant,
L’hippopotame au ventre énorme,
Et le boa, vaste et difforme,
Qui semble un tronc d’arbre vivant.

L’orfraie aux paupières vermeilles,
Le serpent, le singe méchant,
Sifflent comme un essaim d’abeilles ;
L’éléphant aux larges oreilles
Casse les bambous en marchant.