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UNE FÉE.

BALLADE PREMIÈRE.


Elle apparaît… comme ces figures dont le poëte voit les yeux étinceler à travers le feuillage sombre, quand, dans sa promenade du soir, il rêve de l’amour et du ciel.
Th. Moore. Amours des anges.


… La reine Mab m’a visité. C’est elle
Qui fait dans le sommeil veiller l’âme immortelle.

Émile Deschamps. Roméo et Juliette[1].


Que ce soit Urgèle ou Morgane,
J’aime, en un rêve sans effroi,
Qu’une fée, au corps diaphane,
Ainsi qu’une fleur qui se fane,
Vienne pencher son front sur moi.

C’est elle dont le luth d’ivoire
Me redit, sur un mâle accord,
Vos contes, qu’on n’oserait croire,
Bons paladins, si votre histoire
N’était plus merveilleuse encor.

C’est elle, aux choses qu’on révère
Qui m’ordonne de m’allier,
Et qui veut que ma main sévère
Joigne la harpe du trouvère
Au gantelet du chevalier.

  1. En 1828, cette épigraphe a remplacé celle de l’édition originale, Nouvelles Odes, 1824. (Note de l’éditeur.