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ODE TROISIÈME.

AU VALLON DE CHÉRIZY.


Factus sum peregrinus… et quæsivi qui simul contristaretur, et non fuit.
Ps. lxviii.


Perfice gressus meos semitis tuis.
Ps. xvi.


Je suis devenu voyageur… et j’ai cherché qui s’affligerait avec moi, et nul n’est venu.

Permets à mes pas de suivre ta trace.


Le voyageur s’assied sous votre ombre immobile,
Beau vallon ; triste et seul, il contemple en rêvant
L’oiseau qui fuit l’oiseau, l’eau que souille un reptile,
Et le jonc qu’agite le vent.

Hélas ! l’homme fuit l’homme ; et souvent avant l’âge
Dans un cœur noble et pur se glisse le malheur ;
Heureux l’humble roseau qu’alors un prompt orage
En passant brise dans sa fleur !

Cet orage, ô vallon, le voyageur l’implore.
Déjà las de sa course, il est bien loin encore
Du terme où ses maux vont finir ;
Il voit devant ses pas, seul pour se soutenir,
Aux rayons nébuleux de sa funèbre aurore,
Le grand désert de l’avenir.