ODE TREIZIÈME.
L’ANTÉCHRIST.
I
Il viendra, — quand viendront les dernières ténèbres ;
Que la source des jours tarira ses torrents ;
Qu’on verra les soleils, au front des nuits funèbres,
Pâlir comme des yeux mourants ;
Quand l’abîme inquiet rendra des bruits dans l’ombre ;
Que l’enfer comptera le nombre
De ses soldats audacieux ;
Et qu’enfin le fardeau de la suprême voûte
Fera, comme un vieux char tout poudreux de sa route,
Crier l’axe affaibli des cieux.
Il viendra, — quand la mère, au fond de ses entrailles,
Sentira tressaillir son fruit épouvanté ;
Quand nul ne suivra plus les saintes funérailles
Du juste, en sa tombe attristé ;
Lorsqu’approchant des mers sans lit et sans rivages,
L’homme entendra gronder, sous le vaisseau des âges,
La vague de l’éternité.
Il viendra, — quand l’orgueil, et le crime, et la haine,
De l’antique alliance enfreint le vœu ;