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ODES ET BALLADES.


ODE SEPTIÈME.

À LA COLONNE DE LA PLACE VENDÔME.


Parva magnis.


I

 
Ô monument vengeur ! trophée indélébile !
Bronze qui, tournoyant sur ta base immobile,
Sembles porter au ciel ta gloire et ton néant ;
Et, de tout ce qu’a fait une main colossale,
Seul es resté debout ; — ruine triomphale
De l’édifice du géant !

Débris du Grand Empire et de la Grande Armée,
Colonne, d’où si haut parle la renommée !
Je t’aime : l’étranger t’admire avec effroi.
J’aime tes vieux héros, sculptés par la Victoire,
Et tous ces fantômes de gloire
Qui se pressent autour de toi.

J’aime à voir sur tes flancs, colonne étincelante,
Revivre ces soldats qu’en leur onde sanglante
Ont roulés le Danube, et le Rhin, et le Pô !
Tu mets comme un guerrier le pied sur ta conquête.
J’aime ton piédestal d’armures, et ta tête
Dont le panache est un drapeau !

Au bronze de Henri mon orgueil te marie.
J’aime à vous voir tous deux, honneur de la patrie,