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rayon. Qui sait si tous nos échauffements célestes pour le devoir et la vertu ne nous viennent pas ineffablement de leur clarté, s’ils ne nous rendent pas ce service de nous faire bons en étant heureux, et s’ils n’ont pas pour loi sublime d’être utiles parce qu’ils sont aimés ?

Tâchons d’être un jour parmi eux. Et ici-bas, jusqu’à ce que la grande heure sonne, vous et moi, moi surtout, qui suis si entravé d’imperfections et qui ai tant à faire pour arriver à la bonté, ne nous reposons pas, travaillons, veillons sur nous et sur les autres, dépensons-nous pour la probité, prodiguons-nous pour la justice, ruinons-nous pour la vérité, sans compter ce que nous perdons, car ce que nous perdons, nous le gagnons. Point de relâche. Faisons selon nos forces, et au-delà de nos forces. Où y a-t-il un devoir ? où y a-t-il une lutte ? où y a-t-il un exil ? où y a-t-il une douleur ? Courons-y. Aimer, c’est donner ; aimons. Soyons de profondes bonnes volontés. Songeons à cet immense bien qui nous attend, la mort.

[1863-1864.]