On me dit : « Pourquoi le romantisme ne réagit-il pas contre le réalisme ? »
Le chêne ne se fâche pas contre le gui.
On n’est jamais trop concis. La concision est de la moëlle. Il y a dans Tacite de l’obscurité sacrée.
Tacite dit à chaque ligne : tant mieux pour les intelligents ! tant pis pour les imbéciles !
Concision dans le style, précision dans la pensée, décision dans la vie.
L’idéal supprime la fiction.
Accepter dans l’occasion le mot cru, toujours vouloir et toujours choisir le mot propre. Éviter ces deux écueils : le mot impropre, le mot malpropre.
Ruisselant de pierreries, cette métaphore que j’ai mise dans les Orientales a été immédiatement adoptée. Aujourd’hui elle fait partie du style courant et banal, à tel point que je suis tenté de l’effacer des Orientales. Je me rappelle l’effet qu’elle fit sur les peintres. Boulanger, à qui je lus Lazzara, en fit sur-le-champ un tableau.
Cette vulgarisation immédiate est propre à toutes les métaphores énergiques. Toutes les images vraies et vives deviennent populaires et entrent dans la circulation universelle. Ainsi : courir ventre à terre, être enflammé de colère, rire à ventre déboutonné, tirer à boulet rouge (médire), être à couteaux tirés, pendre ses jambes à son cou, etc. ; autant d’admirables métaphores autrefois ; autant de lieux communs aujourd’hui.
Je n’ai lu qu’aujourd’hui le travail de Lamartine[1] sur les Misérables. Cela pourrait s’appeler : Essai de morsure par un cygne.
- ↑ Voir Les Misérables, tome IV. Revue de la Critique, Édition de l’Imprimerie nationale. (Note de l’Éditeur.)