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TAS DE PIERRES. — I.

Une voix crie au poëte : Sois le poëte de l’avenir, sois l’homme de la génération qui vient après la nôtre, étudie les lois et les abus, et préoccupe-toi de la société. Une autre voix lui dit : Sois le poëte du présent pour toutes les générations futures, sois l’homme perpétuel, contemple les arbres et les étoiles, et préoccupe-toi de la nature.

Laquelle écouter ? — Toutes les deux.

Sois le poëte de la nature, tu seras le poëte des hommes.

[1838-1840.]

Fixez votre regard sur l’œuvre des poëtes complets, voici ce que vous trouvez : dans le détail, dans la forme, une précision sévère, et dans le fond une grandeur étrange et presque illimitée qu’on ne peut contempler sans y découvrir à chaque instant de nouveaux horizons pleins du rayonnement mystérieux de l’infini. Cela est la vraie poésie, qui se compose du beau et de l’idéal et qui les combine. Fusion d’éléments presque contraires que le génie seul peut accomplir ! Le beau veut des contours ; l’idéal veut de l’indéfini.

[1844-1846.]