Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Philosophie, tome I.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’est point contre un si formidable champion que nous essayerions avec avantage nos faibles armes. Nous nous bornerons à lui faire observer que le mot placé par lui dans la bouche du fou du duc de Bourgogne sur l’arrivée du roi Louis XI à Péronne appartient au fou de François 1er, qui le prononça lors du passage de Charles-Quint en France, en 1535. L’immortalité de ce pauvre Triboulet ne tient qu’à ce mot, il faut le lui laisser. Nous croyons également que l’expédient ingénieux qu’emploie l’astrologue Galeotti pour échapper à Louis XI avait déjà été imaginé quelque mille ans auparavant par un philosophe que voulait mettre à mort Denis de Syracuse. Nous n’attachons pas à ces remarques plus d’importance qu’elles n’en méritent ; un romancier n’est pas un chroniqueur. Nous sommes étonné seulement que le roi adresse la parole, dans le conseil de Bourgogne, à des chevaliers du saint-esprit, cet ordre n’ayant été fondé qu’un siècle plus tard par Henri III. Nous croyons même que l’ordre de Saint-Michel, dont le noble auteur décore son brave lord Crawford, ne fut institué par Louis XI qu’après sa captivité. Que sir Walter Scott nous permette ces petites chicanes chronologiques. En remportant un léger triomphe de pédant sur un aussi illustre antiquaire, nous ne pouvons nous défendre de cette innocente joie qui transportait son Quentin Durward lorsqu’il eut désarçonné le duc d’Orléans et tenu tête à Dunois, et nous serions tenté de lui demander pardon de notre victoire, comme Charles-Quint au pape : Sanctissime pater, indulge victori.