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TRÈS BONNE LOI ÉLECTORALE.
(Quand le peuple saura lire.)

Article Ier. — Tout français est électeur.

Article II. — Tout français est éligible.


DÉCEMBRE

9 décembre 1830. — Benjamin Constant, qui est mort hier, était un de ces hommes rares qui fourbissent, polissent et aiguisent les idées générales de leur temps, ces armes des peuples qui brisent toutes celles des armées. Il n’y a que les révolutions qui puissent jeter de ces hommes-là dans la société. Pour faire la pierre ponce, il faut le volcan.


On vient d’annoncer dans la même journée la mort de Gœthe, la mort de Benjamin Constant, la mort de Pie VIII[1]. Trois papes de morts.


NAPOLÉON.

Voyez-vous cette étoile ?

CAULAINCOURT.

Non.

NAPOLÉON.

Eh bien, moi, je la vois.


Si le clergé n’y prend garde et ne change de vie, on ne croira bientôt plus en France à d’autre trinité qu’à celle du drapeau tricolore.


  1. Cette triple nouvelle circula en effet dans Paris le même jour. Elle ne se réalisa pour Gœthe que quinze mois plus tard. (Note de l’édition originale.)