1er juin. — Au moment de partir[1], je reçois d’Angleterre un télégramme ainsi conçu :
Je répondrai et je remercierai.
Visite du général polonais Ostrowsky. Il me dit : Puisqu’on expulse Victor Hugo, je m’expulse. Je quitterai la Belgique aujourd’hui même.
2 juin. — Luxembourg. Après le déjeuner nous nous sommes promenés dans la ville que le démantèlement a faite magnifique. Rien de beau comme le précipice fossé, ravin charmant et riant avec rivière, moulins et prairies, encaissé dans d’effroyables escarpements où reparaît la roche à pic cuirassée autrefois des roides murailles de Vauban.
Après le dîner, je suis retourné voir les fossés. Ils étaient splendides au soleil, ils sont terribles au clair de lune.
4 juin. — Nous sommes allés voir l’Hespérange, village dans une vallée de l’Alzette, à une lieue et demie de Luxembourg. Le lieu est charmant. Au-dessus du village sur la colline il y a une ruine très belle d’un château du onzième siècle. Je l’ai dessinée.
5 juin. — Les nouvelles continuent d’être hideuses. Terreur de plus en plus blanche. On craint pour Vacquerie.
La Gazette de Cologne dit que je suis à Londres.
- ↑ Victor Hugo ayant offert à Bruxelles, où il résidait alors, un refuge à tous ses concitoyens, appartenant ou n’appartenant pas à la Commune et poursuivis par le gouvernement français, avait été, pour la seconde fois, expulsé de Belgique.