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J’ai vu Rouen. Dis à Boulanger que j’ai vu Rouen. Il comprendra tout ce qu’il y a dans ce mot. J’y ai passé les journées du 13 et du 14. J’ai vu tout, la chambre des comptes, l’hôtel du Bourg-Théroulde, le Palais de Justice, le Gros-Horloge, Saint-Ouen, Saint-Maclou, les vitraux de Saint-Vincent, les fontaines, les vieilles maisons sculptées, et l’énorme cathédrale qui fait à tout moment au bout des rues de magnifiques apparitions. Je suis monté sur le clocher de la cathédrale et sur la tour de Saint-Ouen. La ville et le paysage, de là-haut, sont admirables.

J’oubliais de te dire que, sous les vieilles casemates du Château-Gaillard, j’ai trouvé mon nom écrit au crayon à côté du nom de Rossini.

On m’appelle pour déjeuner. Je te quitte. Dans deux heures je serai à Mantes, avec toi.


Pontoise, 17 août

J’ai passé hier à Mantes. J’ai eu tes lettres. Merci, mon Adèle, de tout ce qu’elles contiennent de doux et de bon pour moi. Tu m’aimes, n’est-ce pas ? Remercie bien de tous ses soins pour toi ton père que j’aime comme s’il était le mien. Il est plus que le mien, il est le tien. Remercie ma Didine de sa douce petite lettre. Remercie ce brave Châtillon. Embrasse tous nos chers petits.

J’attache un prix extrême à tous les détails que tu me donnes. Continue-les et adresse-moi désormais tes lettres poste restante à Villers-Cotterets. Je vais tâcher de voir Compiègne et Pierrefonds. Me voici déjà à Pontoise. Si pourtant je ne trouve pas de voitures pour Senlis, ce dont je suis menacé, je prendrai la voiture de Paris, et alors tu me reverrais tout de suite, et moi je ne me plaindrais pas. Tant pis pour Compiègne. Tu peux maintenant me voir arriver à tout moment.

Je suis heureux que tu te sois un peu amusée à Angers. Je n’ai le cœur plein que de pensées d’amour pour toi et pour nos petits bien-aimés.

Embrasse-les tous. Je n’ai que le temps de fermer ma lettre. La poste part. Mille bonnes amitiés à Martine.

Ton Victor.