Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’écrire poste restante à Pontoise. Le lendemain une lettre aurait pu être à Pontoise. Je viens d’y passer aujourd’hui (le surlendemain). Rien. Si tu savais quel besoin j’ai de tes lettres, tu ne m’aurais pas laissé ainsi passer dans cette vilaine ville qui a été déserte et ennuyeuse pour moi. Ceci n’est cependant pas une gronderie, c’est une simple peine que je te confie à toi si bonne et si parfaite en tout. Écris-moi maintenant pour me dédommager une bien bien bien longue et bonne lettre, poste restante, à Versailles, où je compte repasser, car j’ai vraiment le mal du pays ; une absence de vingt-cinq jours est plus que je ne puis porter. Je n’irai certainement pas jusqu’à Soissons. Tu me reverras tout d’un coup, bien heureux et bien joyeux de t’embrasser. À bientôt donc. À toi toujours et partout.


30 août, Saint-Germain, 11 heures du soir.

Cette fois, c’est pour de vrai. À tout à l’heure, mon Adèle. J’arriverai peut-être avant cette lettre.

J’ai vu la tour de Gisors et la cathédrale de Beauvais, j’ai admiré ce que j’ai vu, mais j’aime ce que je vais revoir.

Du fond du cœur à toi.


Ce dimanche 31, 5 heures du soir.

Mon Adèle bien-aimée, je suis à Versailles dans le plus grand embarras. C’est aujourd’hui la fête des Loges à Saint-Germain. Pas de voiture nulle part, ni de place aux Gondoles depuis huit jours, me dit-on. Je suis venu de Saint-Germain à Versailles à pied, ne trouvant aucun moyen de transport, chercher ta bonne lettre qui m’a ravi. Je crains bien d’être obligé de passer la nuit ici et je t’écris en hâte.

Demain je t’embrasserai, dussé-je aller à Paris sur la tête. Si je n’étais pas si fatigué ce soir, je laisserais ma malle à l’hôtel et je partirais. J’ai bien soif de te revoir et les petits. Mon Dieu ! que ce retard est encore triste.

Ton Victor.

Je t’écris ceci au crayon sur le bureau des Gondoles. Je vais essayer d’aller jusqu’à Jouy ; peut-être trouverai-je une voiture. J’irais bien demander l’hospitalité aux Roches, mais je suis trop sale.