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CONCLUSION.

dans les glaces et les banquises, à la réverbération des neiges éternelles, à la lueur des aurores boréales, les deux colosses se rencontrent et se reconnaissent.

Récapitulons. L’Angleterre tient les six plus grands golfes du monde, qui sont les golfes de Guinée, d’Oman, du Bengale, du Mexique, de Baffin et d’Hudson ; elle ouvre ou ferme à son gré neuf mers, la mer du Nord, la Manche, la Méditerranée, l’Adriatique, la mer Ionienne, la mer de l’Archipel, le golfe Persique, la mer Rouge, la mer des Antilles. Elle possède en Amérique un empire, la Nouvelle-Bretagne, en Asie un empire, l’Hindoustan, et dans le grand Océan un monde, la Nouvelle-Hollande.

En outre, elle a d’innombrables îles, qui sont, sur toutes les mers et devant tous les continents, comme des vaisseaux en station et à l’ancre, et avec lesquelles, île et navire elle-même, embossée devant l’Europe, elle communique, pour ainsi dire sans solution de continuité, par ses innombrables vaisseaux, îles flottantes.

Le peuple d’Angleterre n’est pas par lui-même un peuple souverain, mais il est pour d’autres nations un peuple suzerain. Il gouverne féodalement deux millions trois cent soixante-dix mille écossais, huit millions deux cent quatrevingt mille irlandais, deux cent quarante-quatre mille africains, soixante mille australiens, un million six cent mille américains et cent vingt-quatre millions d’asiatiques ; c’est-à-dire que quatorze millions d’anglais possèdent sur la terre cent trente-sept millions d’hommes.

Tous les lieux que nous avons nommés dans les quelques pages qu’on vient de lire sont les points d’attache de l’immense filet où l’Angleterre a pris le monde.