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par M. Lacroix (délivré maintenant de ses préoccupations de candidat), la réponse aux questions déjà posées quatre fois par moi inutilement. Cela est de toute importance, et ce silence devient singulier. Sitôt cette lettre reçue, vois M. Lacroix, et dis-lui que tu es forcé, sur ma demande, de m’envoyer courrier par courrier les questions écrites par moi avec la réponse de M. Lacroix et de M. Verboeckhoven, en regard. Je te recommande expressément cette chose. Du reste, tu garderas le papier portant les demandes et les réponses ; il me suffira de l’avoir à mon arrivée. Dis à M. Lacroix que j’ai besoin de ce papier, avec les réponses, particulièrement pour confondre des ennemis à lui (il n’est pas question de Hetzel). — Étant si près de vous arriver, je n’envoie pas les 473 fr. du reliquat redû par moi, dont tu m’as envoyé le détail. Je vous porterai également les 650 demandés par Ad. pour payer son voyage de retour. Je ferai ce que voudra ta mère. Elle connaît, et vous connaissez, ton frère et toi, mes anxiétés. A. emploie l’argent qu’elle reçoit à achever de se perdre. Des mouvements de troupes se font au Canada. Il y aura des déplacements et des départs. Je n’en dis pas davantage. Vous comprenez ce qui fait mon inquiétude. — Nous en parlerons et je tiendrai l’argent prêt, au cas où tu le jugerais nécessaire, ma chère et pauvre mère affligée. — Je vous embrasse tous les quatre. À mercredi, j’espère. — Quel bonheur de vous revoir mes bien-aimés !

Vous n’avez pas oublié, je pense, que ma chambre doit être contiguë à une autre où quelqu’un couche, et dont la porte puisse au besoin rester ouverte. J’ai quelquefois des suffocations qui imposent à moi et aux autres cette petite scie. C’est pour cela qu’à Hauteville-House, je suis descendu dans ta chambre, mon Victor.

Je t’envoie des publications anglaises sur lesquelles je lis mon nom. Tu me diras ce que c’est[1].


À Madame Victor Hugo[2].


H.-H., mardi 19 juin.
6 h. du soir.

Chère bien-aimée, après trois jours de rage, l’ouragan vient de tomber brusquement. Donc demain matin mercredi 20 juin, départ, et arrivée le 22 au soir. Comptez sur moi, à moins de reprise (peu probable) de la tempête. J’ai donné aujourd’hui un déjeuner d’adieu à toute la famille de Putron,

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.