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à votre plume noble et éloquente, je ne croyais pas que ma reconnaissance pût augmenter. Elle vient de s’accroître pourtant, et je dois une heure charmante à votre œuvre si douce et si émue. Vous avez mis dans Nathalie toutes les richesses d’une âme pleine de Dieu. Vous parlez de l’océan et de l’homme avec le double et profond sentiment de la tempête matérielle et de la tempête morale. C’est bien court, Nathalie, mais cela fait songer longtemps. Ce n’est qu’une page, mais cette page vaut un livre ; ce n’est qu’une larme, mais dans cette larme il y a l’infini.

Agréez, Madame, tous mes hommages.

Victor Hugo[1].


À Paul Meurice[2].


H.-H., 1er novembre.

Voulez-vous permettre que ce soit à vous que je m’adresse, ô mon inépuisable ami, pour que ces quatre lettres soient distribuées avec certitude (Mme  d’A., Mlle  Louise B., M. Carjat, M. Lebailly). Toutes quatre, trois du moins, sont des lettres d’affaires importantes. Je ne sais si Mlle  Bertin est encore aux Roches ou déjà revenue à Paris. On aurait son adresse au Journal des Débats. Elle m’a écrit une lettre charmante au sujet des Misérables. M. Lebailly doit vous remettre 100 fr. que vous porterez à mon compte.

Vous vous êtes donc rendu à mes raisons pour le drame. Comme je me rends toujours aux vôtres, cela se trouve juste. J’apprends que Charles travaille ferme, et je lui écris pour l’en féliciter. Le mal est que Londres reprendra, je crois, difficilement ; j’ai peur que M. Lowe, homme d’ailleurs excellent, ne soit un peu refroidi. Quant aux théâtres en Angleterre, ils ressemblent aux libraires. Les Anglais sont toujours le chat dont nous sommes le chien. Ils nous haïssent, nous jalousent et nous volent. Un Jeff, libraire à Piccadilly, vient de me voler 75 000 francs avec deux contrefaçons des Châtiments et de Napoléon le Petit. La loi anglaise le protège, bien entendu.

La traduction anglaise des Misérables vient de paraître, la dernière, après toutes les autres, en rechignant. Du reste, elle se vend beaucoup, les journaux le disent. — Je finis ce bavardage en vous remerciant et en vous embrassant. Je suis aux écoutes pour François les bas bleus, et je vous envoie d’ici mon bravo enthousiaste et tendre.

V.[3]
  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale.