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l’abîme, et mon serrement de main ira vous trouver malgré la muraille. Je vous remercie de ces nobles et affectueuses paroles que le Charivari m’a apportées ; je vous remercie de vous souvenir un peu de moi ; je vous remercie de servir beaucoup et toujours la liberté et la république. Vous êtes quelques généreux écrivains restés là-bas sur la brèche ; vous représentez ce qu’il y a de plus grand et de plus beau : la protestation de la vérité contre le mensonge ; la lutte de l’inteliigence contre le fait brutal. Soyez glorifiés, je vous envoie l’applaudissement de l’exil.

Il m’est doux de penser que le peuple de ce grand Paris et de cette grande France ne m’a pas oublié ; vous me le dites dans votre excellent article, et mon éditeur me le confirme. Il paraît que le gouvernement-police persécute ces pauvres 4 sous[1], et leur refuse le timbre de colportage ; mais qu’est-ce que cela fait ? — Attendons, Dieu est juste, l’avenir est profond. Quant à moi, j’espère tout tranquillement : je regarde à peine les petites misères du présent et je contemple les immenses rayonnements de l’avenir, c’est là-dessus que mon œil est fixé. Inde pax.

Vous trouverez sous ce pli quelques paroles que j’ai dites ces jours-ci[2].

Serrez pour moi la main de tous les amis que j’ai autour de vous.

Encore une fois merci.

Ex imo.
Victor Hugo[3].


À Paul Meurice[4].


Dimanche 18 Xbre.

Vous serez surpris, cher poëte, de recevoir cette lettre par voie inaccoutumée. Voici pourquoi. J’ai fait mettre à la poste ici le 5 ou le 6 une lettre pour vous adressée comme d’ordinaire. Cette lettre contenait : 1° l’avis que je tirais (par Godfray) 500 fr. sur vous à dix jours de date (pour le 16 Xbre). 2° quelques détails relatifs à l’affaire Gosselin, sur le terme où je pourrais livrer l’ouvrage. 3° une lettre pour Mme  d’A. avec prière de la faire remettre chez elle, et de lui dire en outre quelque chose pour l’envoi de Rémy en lui communiquant l’adresse où l’on peut écrire (celle où vous écrivez). 4° commissions pour des amis qui désireraient Rémy, prière qu’ils indiquent six adresses sûres, etc.

Or, votre dernière lettre, non datée, mais timbrée du 13, ne contient

  1. Édition illustrée, par livraisons à 20 centimes, des Œuvres de Victor Hugo.
  2. Sur la tombe de Louise Julien, 26 juillet 1853. Actes et Paroles. Pendant l’exil.
  3. Communiquée par M. J.-B. Barrère petit-neveu de Clément Caraguel.
  4. Inédite.