Chère bien-aimée, je t’envoie la procuration. Tu as reçu trois lettres de moi (sans compter celle-ci) depuis ton arrivée à Paris, une par la poste, l’autre par M. de W. — La troisième (d’hier 4) par Mme B. Tu as dû comprendre l’importance de faire ce que je t’indiquais dans cette lettre d’hier. J’écrirai à Janin, à Gautier, à Jourdan, à tous. Remercie-les. J’écrirai à Mme Bouclier. Prie M. Bouclier de me dresser le modèle de l’acte pour la délégation.
Je t’envoie le mot ci-inclus d’Hingray. C’est un brave et digne homme. Si c’est possible, fais-le, après avoir demandé avis au commissaire-priseur. La lettre de Janin est charmante.
Je vous embrasse tous avec la joie de dire : à bientôt[2].
Au moment où je quitte Bruxelles, cher ami, je vous envoie un peu mon souvenir. J’ai reçu votre très utile envoi et je vous en remercie. Je vais à Jersey pour ne pas causer d’embarras par ma présence à la Belgique ; l’ambassadeur de M. Bonaparte menace et tempête à cause de moi, je vais en Angleterre, j’achèverai là et je compléterai l’histoire du grand guet-apens et du petit homme.
Où êtes-vous ? Cette lettre vous trouvera-t-elle à Paris ? Je vous suppose dans vos grands arbres. Vous rappelez-vous les rêves que nous faisions d’aller philosopher ensemble sous vos ombrages ? Tout cela s’est évanoui. Vous rappelez-vous cette belle journée où nous combattions côte à côte la peine de mort, la guillotine et toutes les infamies de ce vieux régime de despotisme et de haine aujourd’hui remis à neuf ! Ces beaux temps ont disparu. Ce qui ne s’évanouit pas, ce qui ne disparaît pas, c’est ma tendre et profonde amitié pour vous.
Mettez-moi aux pieds de Madame Crémieux.