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votre voix même. Je vous remercie, mon ami. La grande poésie orientale, le grand art grec, le grand art latin relèvent de la nature. C’est la nature seule qui est reine de l’art, comme la liberté est reine de la cité. Le dix-septième siècle est fatalement monarchique ; de là son infériorité. Corneille et Molière mis à part. Nous, fils de la Révolution, déployons le drapeau de l’idéal ; et, aux philosophes comme aux artistes, crions : en avant !

C’est là ce que j’ai fait. 1867 l’accepte comme 1830, et mieux encore. Vous, ami, vous me serrez la main, et je me sens heureux de n’être plus tout à fait un vaincu, quoique je sois encore un exilé.

À vous, ex imo
Victor Hugo[1].


À Paul Meurice.
H.-H., dimanche 30 juin.

J’ai reconnu votre chère écriture sur une bande de journal, c’était La Liberté, agnosco fratrem. M. de Girardin est toujours le paladin dans ce grand combat du progrès. Dites-le lui de ma part. — Dites aussi à M. Valnay que sa lettre émue m’a touché. — Oui, vous voyez et vous prévoyez. Je ne vous ai pas nommé Providence sans savoir ce que je faisais. Vos stipulations pour Ruy Blas sont excellentes. Du reste, dès à présent, le traité est exécutoire, et, s’il n’y a pas de force majeure, sera exécuté quand M. de Chilly voudra. Mettez-moi aux pieds de ma belle et charmante reine d’Espagne. Tous les journaux m’arrivent pleins jusqu’aux bords d’Hernani. Auguste est-il encore à Paris ? Vous verrai-je à Bruxelles ? J’ai faim et soif de vous. À bientôt, à toujours, præsidium meum !

V.

Est-ce que vous voudriez transmettre ce mot à Émile Allix, et cet autre à Mme d’Ash[2].


À Paul Huet.
[Juin 1867.]

Merci, cher Paul Huet. Mon vieux cœur est ému de votre souvenir ! Vous voyez que notre jeunesse avait raison. Quant à vous, vous l’avez prouvé

  1. Le Temps, 4 juillet 1867.
  2. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.