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Que le public variable ne boive que ce qu’il peut boire. Le texte reste immuable. On le retrouvera toujours. (On peut, vous le savez, retrancher un vers dangereux sans même le remplacer. Le spectateur ne s’en aperçoit pas. L’alternance des rimes masculine et féminine lui échappe parfaitement. Telle est la barbarie.) Une note : Le duc sait si bien que Hernani le connaît qu’il ne s’étonne point quand Hernani lui dit. — Oui, duc, de Notre-Dame. Et si plus tard il dit

— Ton nom, mon frère ?
Je suis Ruy de Silva.


ce n’est pas pour se révéler, c’est pour s’affirmer.

Quatre heures de répétition par jour ! Vous êtes admirable.

Tuus.
V.

Voulez-vous me faire crédit d’un timbre et jeter cette lettre à la poste[1] ?


À Eugène Pelletan[2].


H.-H., 16 mai 1867.

Mon éloquent et vaillant confrère, vous recevrez d’Auguste Vacquerie (23, rue de Verneuil) votre stalle et celle de votre charmant fils, digne de vous, je le sais. Hernani est, comme moi, de la montagne ; ce qui ne plaît guère aux influences régnantes. Ce sera, pour certaines gens, une bonne occasion de siffler l’exil. Pourquoi pas ? depuis quand les absents ont-ils raison ?

Continuez vos lettres courageuses. Votre haut esprit est une clarté dans ce sombre miasme ; il illumine et purifie.

C’est beau, un rayonnement utile[3].


Au Comité du monument de Miçkiewicz[4].


Guernesey, Hauteville-House, 17 mai 1867.

On me demande une parole pour ce tombeau illustre. Le généreux fils du grand poëte de la Pologne s’adresse à moi et me dit : Parlez de mon père.

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Communiquée par les héritières de Paul Meurice.
  4. Miçkiewicz, poète polonais, chanta sa patrie et revendiqua pour elle l’indépendance et la liberté. Il fut nommé en 1840 professeur de littérature slave au Collège de France. Son cours fut suspendu en 1845 et il fut nommé conservateur de la bibliothèque de l’Arsenal. En 1848, il organisa en Italie une légion polonaise.