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avec Bon Lahire. Comme toutes ces figures sont vivantes ! Comme tous ces personnages sont créés ! Ce sont des êtres. Cela vit, pense, va, vient, et leur souffle se mêle à notre souffle. N’achevez pas trop vite cette œuvre puissante et charmante. Marion Delorme me retombe comme une tuile. Je me berçais du vague espoir de n’avoir aucune pièce jouée cet hiver, et de pouvoir faire tranquillement ce que j’ai à faire ici, sans autre ouragan dans les cheveux que celui de l’océan ; et voilà l’ouragan de Paris qui se lève. Vous êtes accablé de travaux, et je n’ose vous dire : suppléez-moi, Auguste et vous, vous et Auguste ; mais, si vous ne vous en mêlez pas, Marion est à vau-l’eau.

Marion pleure, Marion crie.
Et veut Meurice et Vacquerie.

Oh ! si vous pouviez venir un peu ! quel besoin j’ai de vous ! Ces dames embrassent tendrement madame Meurice. Écrivez-le lui. Victor et d’Alton serrent votre main, que je presse.

Tuus.
V.[1]


À Swinburne[2].


Hauteville-House, 22 sept. 1872.

Ô mon poëte, j’ai voulu vous écrire aujourd’hui, grand anniversaire de la République. C’est le 22 septembre que je réponds à votre ode superbe du 4 septembre. Ces deux dates fraternisent. Mon fils est près de moi ; nous vous lisons ensemble ; il me traduit Swinburne comme il a traduit Shakespeare. Quelle œuvre que vos Songs before sunrise ! Votre article sur l’Année terrible a excité et tenu en éveil l’attention de Paris. Vous avez lu sans doute à ce sujet le Rappel et la République. Vous êtes un admirable esprit et un grand cœur.

J’ai votre portrait. Voici le mien.

Cher et noble poëte, je vous serre les deux mains.

Victor Hugo[3].


À Paul Meurice[4].


H.-H., 27 7bre vendredi.

Cher doux ami, un mot in haste. Nous sommes ici en pleine tempête.

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Communiquée par le British Museum, Londres.
  4. Inédite.