Je vous ai écrit plusieurs fois ; je doute que mes lettres vous soient parvenues. Je fais celle-ci petite pour qu’elle arrive. Étant à l’image de l’empire, elle passera, j’espère.
Vous voilà en prison[1]. J’en félicite la Révolution.
Votre popularité est immense comme votre talent et votre courage. Tout ce que je vous ai prédit se réalise. Vous êtes désormais une force de l’avenir.
Je suis, comme toujours, profondément votre ami, et je vous serre la main, cher proscrit, cher vainqueur.
Que je suis content ! Vous êtes content. J’ai écrit ces vers[3] le cœur gonflé. Je venais de lire ces ineptes attaques des journaux de police. Je suis allé me promener au Moulin-Huet. La mer était terrible. Et puis les vers me sont venus.
Recevez-vous mes lettres ? Je vous ai écrit, notamment au sujet de Paul Foucher. Moi je suis en surveillance. Depuis le 9 février, jusqu’à ce matin 16, la poste ne m’a pas apporté une lettre.
Le départ de Pyat couvre le départ de Charles. Opter pour l’exil est un droit. Je suis charmé que le Rappel ait publié ma réponse à George Sand. Quels beaux articles vous faites ! Je rabâche, mais c’est que je vous aime de tout mon cœur.
Mon cher Quinet, vous venez de faire votre plus grand livre[5]. La vieillesse est l’âge du total pour les pensées comme pour les années, pour l’esprit comme pour la vie. Ce mystérieux rajeunissement dont, comme