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Je raconterai peut-être un jour cela. Ceux qui me reprochent de n’être pas républicain de la veille ont raison ; je suis arrivé dans le parti républicain assez tard, juste à temps pour avoir ma part d’exil. Je l’ai. C’est bien.

Votre vieil ami
Victor Hugo[1].


À Jean Aicard[2].


[Mai 1869.]

Votre article sur l’Homme qui Rit est simplement admirable. C’est le haut langage de la philosophie et de l’art. Tout est dit et merveilleusement dit. Je n’attendais pas moins de vous, poëte.

Dans ce siècle, voici ce qui fait ma force : En dehors du peuple pour qui je travaille et qui m’aime un peu parce qu’il sait que je l’aime profondément, dans la région purement littéraire et philosophique, les esprits de mon temps se partagent à mon sujet en deux camps, j’ai contre moi la multitude des petits et l’élite des grands. À compter, mes ennemis ont le dessus ; à peser, mes amis l’emportent. Quand je publie un livre, cela fait aux petits l’effet d’une pierre qui tombe dans leur étang. De là, un tapage nocturne. Le public prud’homme prend ce vacarme pour un jugement. Mais de temps en temps, au plus fort du brouhaha des grenouilles, une grande voix s’élève pour moi, voix de poëte, voix d’artiste, voix de philosophe, et ce cri d’aigle annule les coassements. C’est pourquoi je vous remercie[3].


À Madame Victor Foucher[4].


5 juin 1869.
Chère Mélanie,

Vous voilà de nouveau éprouvée. Quand Dieu frappe, hélas, il est seul dans son secret. Vous êtes une âme douce et vaillante, et vous savez supporter les épreuves. Et puis, vous avez l’espérance, que j’ai aussi. Vous vous tournez vers la grande aurore, qui est Dieu, aube toujours visible à l’horizon, même dans la plus profonde nuit. Chère Mélanie, je vous embrasse[5].

  1. Actes et Paroles. Pendant l’exil. Notes.
  2. Inédite.
  3. Communiquée par les héritières de Paul Meurice.
  4. Inédite.
  5. Communiquée par M. le baron de Villiers.