vous vous souvenez d’un solitaire, deux fois proscrit, hier exilé de France, aujourd’hui exilé du théâtre. Je vous remercie du fond du cœur.
Votre œuvre triomphante. Patrie, réveille les hauts sentiments et les fières pensées, et vous avez, certes, le droit de dire aux spectateurs dont vous venez de refaire l’âme républicaine : Plaudite, cives !
Je vous serre la main.
Votre étude sur Charles Baudelaire est un livre, un vrai livre. L’homme y est ; et non seulement l’homme, mais vous. J’ai rencontré plutôt que connu Baudelaire. Il m’a souvent choqué et j’ai dû le heurter souvent ; j’en voudrais causer avec vous. Je pense tous vos éloges, avec quelques réserves. Le jour où je le vis pour la dernière fois, en octobre 1865, il m’apporta un article écrit par lui sur la Légende des Siècles, imprimé en 1859, que vous retrouverez aisément, et où il me semble adhérer profondément à l’idéal qui est une conscience littéraire, comme le progrès est une conscience politique. Il me dit en me remettant ces pages : Vous reconnaîtrez que je suis avec vous. Je partais. Nous nous sommes quittés, je ne l’ai plus revu. C’est un des hommes que je regrette. Votre livre sur lui est cet exquis travail d’embaumement. Heureuse une mémoire qui est en vos mains ! La profonde fraternité du poëte est dans tout ce que vous écrivez. De là le charme. Vous êtes un cœur qui a beaucoup d’esprit. Merci pour ce précieux et bon livre, et recevez mon serrement de main.
Quel admirable point d’appui j’ai en vous ! Je vous envoie pour tous deux (ci-inclus un mot pour Meurice) ma lettre qui, adressée à M. Lacroix, le
- ↑ Fac-similé de cette lettre dans le Figaro, 10 novembre 1928. — Archives de la famille de Victor Hugo.
- ↑ Charles Asselineau, critique littéraire et auteur de plusieurs ouvrages principalement consacrés au romantisme ; sa Bibliographie romantique est consultée fréquemment.
- ↑ Communiquée par M. Jacques Crépet.
- ↑ Inédite.