convient. Je me charge de l’avenir historique de ce drôle. Je le conduirai à la postérité par l’oreille.
Dites à Auguste et à mes fils qu’ils auront par la prochaine toutes les réponses que je leur veux faire, mettez-moi aux pieds de votre noble femme, et prenez pour vous un bon serrement de main.
L’exilé vous remercie, monsieur Cauwet, vous m’envoyez de bonnes paroles et qui me touchent vivement. Je suis hors de France pour le temps qu’il plaira à Dieu, mais je me sens inaccessible dans la plénitude du droit et dans la sérénité de ma conscience. Le peuple se réveillera un jour, et ce jour-là chacun se retrouvera à sa place, moi dans ma maison, M. Louis Bonaparte au pilori.
Votre bien affectueusement attaché.
Le malfaiteur politique dont le gouvernement pèse en ce moment sur la France a cru pouvoir rendre un décret d’expulsion dans lequel il m’a compris.
Mon crime, le voici :
J’ai fait mon devoir[4].
J’ai, par tous les moyens, y compris la résistance armée, défendu contre le guet-apens du 2 décembre la Constitution issue du suffrage universel, la République et la Loi.
Il est interdit aux bannis, de par le coup d’État, de rentrer en France sous peine d’être déportés à Cayenne, c’est-à-dire sous peine de mort.
- ↑ Archives de la famille de Victor Hugo.
- ↑ Inédite.
- ↑ Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises , fol. 287.
- ↑ En marge de ce brouillon, une phrase qui devrait se placer après ces mots : J’ai fait mon devoir ; Il est tout simple que ce devoir soit un crime quand le crime est un devoir.