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convient. Je me charge de l’avenir historique de ce drôle. Je le conduirai à la postérité par l’oreille.

Dites à Auguste et à mes fils qu’ils auront par la prochaine toutes les réponses que je leur veux faire, mettez-moi aux pieds de votre noble femme, et prenez pour vous un bon serrement de main.

V.[1]


À Pierre Cauwet[2].


Bruxelles, 12 janvier [1852].

L’exilé vous remercie, monsieur Cauwet, vous m’envoyez de bonnes paroles et qui me touchent vivement. Je suis hors de France pour le temps qu’il plaira à Dieu, mais je me sens inaccessible dans la plénitude du droit et dans la sérénité de ma conscience. Le peuple se réveillera un jour, et ce jour-là chacun se retrouvera à sa place, moi dans ma maison, M. Louis Bonaparte au pilori.

Votre bien affectueusement attaché.

Victor H.[3]


À Messieurs les membres de l’Académie française.


Bruxelles, janvier 1852.
Messieurs et chers confrères.

Le malfaiteur politique dont le gouvernement pèse en ce moment sur la France a cru pouvoir rendre un décret d’expulsion dans lequel il m’a compris.

Mon crime, le voici :

J’ai fait mon devoir[4].

J’ai, par tous les moyens, y compris la résistance armée, défendu contre le guet-apens du 2 décembre la Constitution issue du suffrage universel, la République et la Loi.

Il est interdit aux bannis, de par le coup d’État, de rentrer en France sous peine d’être déportés à Cayenne, c’est-à-dire sous peine de mort.

  1. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises , fol. 287.
  4. En marge de ce brouillon, une phrase qui devrait se placer après ces mots : J’ai fait mon devoir ; Il est tout simple que ce devoir soit un crime quand le crime est un devoir.