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que vous ferez sera bien fait. Je me borne, dans le cas où l’idée vous paraîtrait valoir la peine d’être essayée, à appeler votre attention sur M. Luthereau, digne et capable à tous les égards d’en mener à bien l’exécution.

Tenero duce.

Et puis, je suis heureux d’avoir une occasion de plus de vous dire que je suis profondément et cordialement votre ami.

Victor Hugo[1].


À Théodore de Banville.


Bruxelles, 8 août [1866].

Ô mon cher poëte, que de choses belles et que de choses charmantes ![2] Pas une page qui n’étincelle. Pas un mot qui ne chante et qui ne pense. Car chanter, c’est penser. L’Hymne, c’est le Verbe. Je l’ai, votre livre, cette eau vive si douce au cœur des misérables ; j’y bois, car j’ai souffert, et je suis altéré. J’ai soif. Gloire à vous, poëtes, irrigui fontes !

Vous êtes, vous, une des plus pures et des plus exquises sources, et vos gouttes d’eau sont des perles, et vos perles sont des larmes, et vos larmes sont ma joie. Tel est le poëte. C’est avec sa douleur qu’il console. On touche sa plaie et l’on est guéri. La magnifique poésie du dix-neuvième siècle, fille de la Révolution et de la liberté éternelle, met sur votre tête nue une de ses plus belles couronnes.

Je vous embrasse, ô doux poëte des poëtes, ô exilé idéal, ami des Dantes et des Homères. Vous avez tous les torts du cygne ; vous chantez comme lui, mais vous ne mourez pas.

À Alfred Asseline.


Bruxelles, 9 août [1866].

Mon cher Alfred, j’ai le cœur serré en pensant à cette horrible exécution de demain, dans notre Jersey. La lettre que je t’ai écrite a paru dans une foule de journaux, belges, anglais, allemands, etc., mais, hélas, n’empêchera

  1. Archives Spoelberch de Lovenjoul.
  2. Le livre de Banville paru en 1866 a pour titre : Camées parisiens et contient en deux pages charmantes le portrait de Victor Hugo et de Mme  Victor Hugo.