Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brûlez-la[1]. Ici comme en toute chose, je trouverai bon ce que votre exquis jugement aura décidé. Je vous dis comme Cicéron à Atticus : rectius me mea vides.

Guérin m’écrit qu’on commence à songer à la réimpression. Voudrez-vous vous souvenir que la dédicace doit être en deux alinéas, le premier alinéa finissant au mot Poëte. Je recommande aussi que le prospectus de la traduction de Victor soit cousu et broché avec le livre, et non feuille volante comme on l’a fait. C’est vous qui avez eu l’idée du prospectus cousu, ne permettez pas qu’on l’élude. La première chose qu’on fait, c’est de jeter ce prospectus volant, et par conséquent gênant, or, je veux servir Victor par tous les moyens, et l’adhérence, imaginée par vous, du prospectus au livre, est un des meilleurs. Je vous enverrai pour la réimpression quelques petits redressements de texte ou de fautes d’impression. Il y en a extrêmement peu. On sent que vous êtes là, veillant.

À vous. Con todo mi fuerza.
V.[2]


À Paul Meurice.


H.-H. 2 mai 1864.

Vous êtes un enchanteur. Depuis quatre jours je vis dans l’intimité de votre esprit dans ce beau et charmant volume[3]. Shakespeare à travers vous ne perd rien et gagne quelque chose. Votre vers achève sa pensée et l’emplit d’éclairs. Shakespeare dans votre style, c’est comme le rayon de lumière dans le diamant. J’ajoute que Shakespeare dans vous conserve toute sa largeur. Le diamant est grand.

Vous avez raison, votre idée de fauteuil vide que j’avais crue irréalisable a merveilleusement réussi. L’effet du banquet interdit a été considérable en Angleterre. Le 23 avril même, on a appris la nouvelle à Stratford-sur-Avon, la ville était pavoisée, en un clin d’œil tous les drapeaux tricolores, représentant l’empire, ont disparu des fenêtres. Eaynolds rapproche cette interdiction de l’expulsion de Garibaldi.

À bientôt. À toujours. On vous aime bien autour de moi. Que de choses j’ai dans le cœur pour vous ![4]

  1. La lettre fut remise. Elle manque dans les lettres de Victor Hugo publiées par Clément-Janin : Victor Hugo en exil.
  2. William Shakespeare. Revue de la critique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  3. Hamlet. Falstaff. Paroles.
  4. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.