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mes envois. Je crois possible de renvoyer à l’imprimerie tous les bon à tirer au plus tard le 9 et par conséquent sans gêner l’apparition le 15. Mais ce que vous ferez sera bien fait et ce que vous déciderez sera bien décidé. Je me remets à votre amitié.

Ma prochaine lettre vous portera les 1res pages et les indications pour les journaux, que vous compléteriez et redresseriez au besoin, voyant et sachant le terrain mieux que moi[1].


À Philippe Burty[2].


Hauteville-House, 18 avril [1864].

Ma réponse, monsieur, devrait être un simple merci majuscule. Vous me comblez et avec une grâce parfaite. Vous, créancier, vous semblez débiteur. Vous m’envoyez un beau croquis de Delacroix, deux fois précieux parce qu’il est de lui et parce qu’il vient de vous.

Delacroix eût été le plus grand peintre du temps et eût dépassé Géricault[3], s’il eût eu comme homme la sincérité qu’il avait comme artiste. Mais il n’avait qu’une demi-foi. Son pinceau disait oui, ses opinions disaient non. Peut-être se croyait-il habile et s’est par là diminué comme Gœthe qu’il admirait trop. Pour que la grandeur soit complète, il faut que l’homme égale l’artiste. Petit homme ne fait pas grand poëte. Gœthe le prouve, et ce jugement, l’avenir le confirmera.


19 avril. — Je reprends et j’achève cette lettre interrompue. Cher monsieur, j’entre avec empressement dans la voie que vous m’indiquez, heureux si je puis être utile au très remarquable eaufortiste de Blois. Son travail est beau et m’a spécialement et fortement intéressé. Je dis pourquoi dans la lettre que je lui écris en réponse à la sienne et que la Gazette des Beaux-Arts pourra, publier[4].

Priez M. Queyroy de m’excuser si je lui envoie cette lettre écrite d’une autre main que la mienne. C’est pour qu’elle soit plus lisible à l’imprimerie. Vous trouverez cette lettre sous ce pli. Certes j’accepterais avec

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Critique d’art à la Gazette des Beaux-Arts. Auteur de nombreuses études sur Delacroix, Bernard Palissy, etc.
  3. Géricault, peintre et sculpteur, restera dans l’histoire de l’art, le peintre du Radeau de la Méduse ; ses autres toiles, quoique très appréciées, n’obtinrent pas le succès de celle-là.
  4. Gazette des Beaux-Arts, 1er juin 1864, et à la même date, La Presse. Lettre réimprimée dans Actes et Paroles. Pendant l’exil, sous le titre : Les rues et les maisons du vieux Blois.