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vraie. La fin de votre article sur Le Doyen de Saint-Patrick émeut à force de grâce. On ne peut rien écrire de plus sincère et de plus élevé. Laissez-moi aussi, après avoir serré la main du critique, féliciter le poëte. Ma foi, je vous le dis, un succès de vous est un bonheur pour moi. Je ne connais pas votre drame[1], mais votre analyse m’attire, et je suis presque tenté de vous demander une stalle. Heureusement que je regarde la date de ma lettre. Ceci me contient. Sans quoi j’enjamberais la mer, et je commencerais ma rentrée en France par l’Odéon. Oui, réussissez, vous le devez, car un triomphe de vous nous console.

Tuus.
Victor H.

Ce charmant poëte, votre collaborateur, M. L. de Wailly[2], est un de mes anciens amis. Parlez-lui un peu de moi[3].


À Théophile Gautier.


Hauteville-House, 3 Xbre [1862].

Cher Théophile, merci. Vous venez de me donner une joie de jeunesse. Il m’a semblé être au bon jeune temps. Je viens de lire ces pages de vous sur moi. Ma sombre chambre d’exil m’a tout à coup semblé pleine d’une clarté d’aurore.

Je n’ai qu’un mot pour caractériser votre commentaire de mes dessins ; c’est de la grâce magnifique. Vous refaites splendidement toutes ces ébauches et de votre plume elles sortent tableaux. Le peintre, c’est vous ; le poëte, c’est vous ; l’âme, c’est vous.

L’âme, ce mot que je viens d’écrire m’encourage à vous demander une toute petite correction. Je voudrais que dans ces pages splendides et charmantes, vous retranchassiez (tyrannie de l’imparfait du subjonctif) quatre mots. Vous les trouverez indiqués dans le morceau que je vous envoie. Voici ma raison :

L’éloge si mérité du graveur ne saurait être trop multiplié ; son nom est à sa place partout, excepté à la fin. À la fin, ne pensez-vous pas que je dois rester seul ? Ce n’est plus l’éloge, c’est la responsabilité qui commence et

  1. Le Doyen de Saint-Patrick représenté au théâtre de l’Odéon, le 20 novembre 1862.
  2. Léon de Wailly, poëte et auteur dramatique connu surtout par ses nombreuses traductions de romans anglais.
  3. Collection de M. Loucheur. Communiquée par la librairie Cornuau.