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les détails. Il est impossible que Samuel n’ait pas fait le dépôt légal de l’édition in-18 expurgée, la seule mise publiquement en vente, la petite se cachant derrière à cause de la loi Faider. Vous vous trompez également sur les chiffres. L’usure des clichés atteste l’immense tirage frauduleux des Châtiments, les onze contrefaçons que vous énumérez prouvent la vente croissante. Je suis si convaincu de votre erreur que je vous propose ceci qui est sans danger, même pour votre timidité : réimprimer chez vous Napoléon-le-Petit et les Châtiments, ne pas tirer, clicher ces deux réimpressions, envoyer les clichés à Guernesey, et faire à Guernesey les tirages au fur et à mesure des besoins et des demandes. Pour Bruxelles, Londres (concurrence redoutable aux voleurs-contrefacteurs, le prix de revient étant moindre à Guernesey qu’à Londres) et tous les marchés du monde. Nous ferions l’affaire ensemble : j’aurais deux tiers, votre maison aurait un tiers ; on commencerait par prélever les frais, on partagerait dans la proportion ci-dessus le bénéfice net. Moyennant ce tiers, votre maison administrerait et ferait les avances. Les clichés vous appartiendraient pour un tiers. Vous feriez ce traité (en réservant la France et les autres formats) pour tout le temps que vous avez Les Misérables. Je suis sûr que j’y gagnerais plus que ce que je vous demandais. Répondez le plus tôt possible. Vous voyez que vous pouvez accepter sans risque. Vous êtes toujours sûr que la vente couvrirait les frais de cliché, peu de chose pour vous qui êtes imprimeur.

Voici la copie de ma lettre à M. Daëlli. Conservez-la, et quand la lettre aura paru en Italie, je crois que vous pourrez très utilement la publier dans les journaux belges. Nous nous chargerons des journaux anglais.

Un dernier mot sur ce que je vous propose quant aux Châtiments et à Napoléon-le-Petit ; c’est la même affaire déjà faite entre nous ; seulement vous remplaceriez par des clichés neufs les clichés usés. (Sauf à vous payer sur la vente.) Les tirages se faisant ici, chose nécessaire pour l’entrée facile en Angleterre, l’épreuve serait décisive. À l’expiration du traité, les clichés m’appartiendraient. Donnez-moi, je vous prie, des nouvelles de votre chère accouchée. Offrez-lui mes hommages. Mille affectueux compliments.

V. H.[1]


À Paul Chenay.


H.-H., 31 octobre [1862].

Merci, mon cher monsieur Chenay, de vos gracieuses et bonnes paroles. Je vous griffonne ce petit mot en hâte. Dites à M. Castel qu’il diminuera

  1. Publiée en partie dans Les Misérables. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.