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À Paul Meurice.


H.-H., 18 juillet [1862].

Que dites-vous de cette idée ? Les médecins m’ordonnent un voyage d’au moins quinze jours. Vous avez, m’avez-vous dit, quinze jours à me donner. Voulez-vous faire coïncider mes quinze jours avec les vôtres ? Voici comment : je serais le 1er août (profond incognito) à Mont-Saint-Jean, hôtel des Colonnes. Vous viendriez le 2 m’y rejoindre. Le 3 nous partirions pour l’excursion que vous voudriez. Je vous proposerais les Ardennes et les bords de la Moselle. Le 15 août vous seriez (à mon grand regret) libre. Nous aurions vu ensemble d’admirables choses, et vécu. Nous aurions causé du drame des Misérables. Si Charles voulait être du voyage, je le lui paierais. Joie complète. Cette idée m’arrive presque le jour de ma fête. Elle me rit. Si elle vous plaît, tope. Répondez-moi courrier par courrier. Je partirais tout de suite, et je traverserais la Belgique aussi anonyme que je le pourrais. Au retour, si vous tenez à voir l’exposition de Londres, ce serait à mon profit, je passe par là pour m’en revenir. Voyez Charles, décidez, et répondez. Si cela ne vous sourit pas, je vous attendrai ici.

Seriez-vous assez bon pour envoyer ce mot à M. Bataille et ce portrait à M. Taule qui est en prison pour avoir dit des vers de moi.

J’attends votre réponse. Quel bonheur si c’est oui ![1]


À Paul Meurice.


24 juillet.

C’est jeudi, je vous réponds bien vite, vous aurez ma lettre samedi. Hourrah ! voici mon itinéraire. Nous partirons lundi 28 (avec M. Lacroix), nous passerons à Londres la journée de mardi. Mercredi 29 nous serons à Bruxelles (par Ostende), jeudi 30 à Liège (puisque Liège vous plaît). Tâchez donc d’y arriver, vous et Charles, le 31 juillet, ce sera deux jours de gagnés. Penserez-vous à m’apporter 500 francs en or sur les 1953 que vous avez à moi.

Je ne saurais vous dire ma joie. Je vous tiens, je vous tiens tous les deux.

  1. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.