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Et quand voulez-vous la troisième partie ?

Je vous serre très affectueusement la main.

V.

J’ajoute pourtant, à la décharge de Bruxelles, que tous les retards dont Bruxelles est cause n’auront produit qu’un ajournement d’un mois. Au lieu du 15 février, on paraîtra le 15 mars[1].


À Paul Meurice[2].


Dim., H.-H.

Bruxelles, cela est facile à dire. Mais rendez-vous compte de ce que je fais ici. Le matin, de sept à onze heures, je revois mon manuscrit, car j’y travaille jusqu’à la dernière minute, et encore çà et là des choses m’échappent ; l’après-midi, de deux heures à six, pendant que deux femmes, deux dévouements, copient et collationnent sans relâche leur copie, moi je revise ce qu’elles ont collationné, puis je classe et je divise ce qui sera la copie définitive sur laquelle on imprimera ; le soir, de huit heures à minuit, je corrige les épreuves, quelquefois jusqu’à six feuilles par jour[3], et j’écris les lettres. Pas une poste ne part sans un envoi de moi. Maintenant, aller à Bruxelles, emporter un volume in-folio de notes manuscrites et autres éparses sur une immense table, les empaqueter, les reclasser et les dépaqueter là-bas, emmener les deux copistes, car les remplacer, impossible, il faut dévouement et discrétion, et on n’a pas cela pour de l’argent, emporter le manuscrit qui a déjà assez hasardeusement passé l’an dernier quatre fois la mer, surtout le laisser manier par l’abominable douane anglaise. Pour tous ces arrangements et dérangements, au moins huit ou dix jours perdus. À Bruxelles, tout mon entrain envolé, au lieu de ma solitude, cinquante visites par jour, forçant ma porte, et quelques-unes fort bonnes et fort nécessaires, redoublement du tourbillon de lettres, plus d’isolement, plus de concentration, les épreuves allant peut-être un peu plus vite, et encore ! (La copie est excellente. On peut m’envoyer ici des épreuves sans faute. Les deuxièmes épreuves pourraient être évitées avec plus de soin dans la correction première en Belgique). Vous voyez que le voyage de Bruxelles irait droit contre le but. J’ajoute que mon mal de gorge chronique s’en accommoderait fort mal.

  1. Gustave Simon. La Revue, 15 mai 1909. Correspondance relative aux Misérables. — Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Rappelons que chaque feuille comporte 16 pages.