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À Auguste Vacquerie[1].


Hauteville-House, 27 septembre [1861].

Cher Auguste, vous savez avec quel déplaisir je subis la parodie de mes drames en opéras italiens. Je ne puis l’empêcher, mais j’ai toujours protesté. Le théâtre italien y ajoute le vol de mes droits auquel la justice du quart d’heure actuel l’a autorisé. Ce sera une affaire à régler plus tard et je comprendrai dans ma réclamation et ma revendication le théâtre qui me vole et les juges qui sanctionnent le vol. Voilà pour mes drames en italien.

Quant à Lucrèce Borgia ou tout autre drame de moi, arrangé en français avec musique, jamais je n’en autoriserai la représentation en France. La prétendue autorisation donnée au théâtre de Bordeaux est le résultat d’une méprise. La demande m’a été transmise par mon cousin de Tulle Léopold Hugo. J’ai cru qu’il s’agissait de Lucrèce Borgia en italien, et j’ai répondu quelque chose comme ceci : — Les honnêtes tribunaux d’à présent, ayant autorisé le théâtre de Paris à me voler, le théâtre de Bordeaux est bien bon de m’en demander la permission. — C’est cela que le directeur de Bordeaux a pris pour une autorisation.

Donc, non, non, et non. Jamais.

Merci, cher ami, de vos bonnes et cordiales paroles. Les Misérables ne sont pas prêts encore, et, vous le savez, je n’ai aucune hâte. Il faut revoir et copier. Quant à la grande œuvre nécessaire dont vous me parlez, j’espère bien qu’elle éclatera bientôt, et qu’elle sera datée de Villequier.

Tuus.
V.

Transmettez ma réponse, mais adoucissez-la. Je suis très sensible aux formes polies, et même gracieuses, de M. E. Gérard[2].


À Albert Lacroix.


Hauteville-House, samedi 12 [octobre 1861].
Monsieur,

Mon fils m’écrit votre retour à Bruxelles, je vous serais obligé de m’informer, le plus tôt qu’il vous sera possible, de ce que vous avez pu arranger ou

  1. Inédite.
  2. Bibliothèque Nationale.