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À Auguste Vacquerie[1].


Bruxelles, 2 avril [1861].

Merci de la joie que me fait votre succès[2]. Voilà une éclatante victoire, disputée et définitive comme tous les triomphes du vrai. Vous êtes venu et vous avez vaincu. Vous donnez une magnifique fête aux intelligences. Paris s’éteignait, vous venez d’en tirer une grande flamme. Nous sommes ravis, Charles et moi. Charles est plus heureux de votre succès que d’un succès personnel. M. Émile Allix lui a écrit tous les détails, et nous avons cru y être. Maintenant vous n’avez plus qu’à aller devant vous. L’horizon immense vous appartient. Ce n’est pas à vous qu’on a besoin de dire : Continuez. Je vous crie bravo du fond de mon nuage.

Victor H[3].


À Charles Baudelaire.


Bruxelles, 10 avril 1861.

Monsieur, la petite bibliothèque de Hauteville-House vous remercie : elle a désormais votre beau volume complet[4]. Je ne puis vous dire à quel point ce gracieux envoi me touche.

Me voici voyageant ; on m’a cru très malade cet hiver, mais le changement d’air me remet ; je vais d’horizon en horizon, je quitte l’océan pour la terre, je cours à travers monts et vaux, et la grande nature du bon Dieu me guérit.

Votre poésie aussi est un dictame ; c’est elle qui a commencé ma guérison. Les vers calment et charment. Je vous rends grâce et je vous serre cordialement la main.

Victor Hugo[5].
  1. Inédite.
  2. Les Funérailles de l’Honneur, représentées le 30 mars 1861.
  3. Collection de Pierre Lefèvre-Vacquerie.
  4. Seconde édition des Fleurs du Mal ; trois poésies étaient dédiées à Victor Hugo.
  5. Communiquée par M. Jacques Crépet.