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que je reçois d’elle en ce moment une bonne petite lettre à laquelle je répondrai bientôt.

J’avais écrit dernièrement à ton excellent mari pour lui recommander un architecte ; mais les travaux du théâtre ont été adjugés et je présume que le porteur de ma lettre aura jugé inutile le voyage du Havre. Embrasse bien ton Charles pour moi. à lui aussi j’écrirai prochainement.

La somnambule a lu, en effet, mais avec beaucoup de peine et d’une manière trouble et confuse, lettre à lettre. Les journaux ont fort amplifié la chose. Je vous la conterai en détail. Le fait n’en est pas moins étrange et donne à penser.

À bientôt, ma fille chérie. Écris-moi souvent. Écris aussi à Mlle  Louise Bertin qui t’a écrit et n’a pas de réponse de toi. Je te recommande cela. Elle vous aime tant, et si bien. Je t’embrasse bien tendrement. Je vous embrasse tous. Soyez bien heureux, mes bien-aimés !

Mille amitiés à Auguste Vacquerie et à M. Regnauld[1].


À Adèle[2].


[1843.]

Sais-tu, ma Dédé, que tu m’as écrit une charmante lettre ? Il faut m’écrire ainsi très souvent. Je te répondrai le plus que je pourrai. Ta mère et Didine sont deux paresseuses. Gronde-les, parce qu’elles ne m’ont pas écrit, et puis embrasse-les, parce que je les aime.

Vous me manquez bien tous, allez, mes bien-aimés. Je suis ici comme une pauvre âme en peine. Je travaille beaucoup, et je pense à vous encore plus. Ma Didine est heureuse, votre mère est contente, vous êtes joyeux. Ces idées-là me consolent et me remplissent de douceur.

Il faut, ma Dédé, bien t’amuser et me donner, quand tu m’écriras, des nouvelles de Cocotte. Il faut un peu travailler aussi, car le bon Dieu aime les petites filles qui travaillent, et les regarde faire. Il faut aussi corriger ton bégaiement. En t’observant bien, tu y parviendras. Une petite fille peut bégayer, mais il ne faut pas qu’une jeune fille bégaie. En un an, tu peux, si tu le veux, réformer cela. Adieu, mon ange chéri, je t’embrasse et je t’embrasse encore.

Ton petit père.
V.

Embrasse pour moi ta bonne mère et ma Didine et dis-leur de m’écrire[3].

  1. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Inédite.
  3. Collection Louis Barthou.